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...Désorienté, marchant dans la campagne solitaire et mouillée, j'essayais au moins de retrouver cette force, jusqu'à présent fidèle, qui m'aide à accepter ce qui est, quand une fois j'ai reconnu que je ne pouvais le changer...
Certains matins, au détour d'une rue, une délicieuse rosée tombe sur le coeur puis s'évapore.
Mais la fraîcheur demeure encore et c'est elle, toujours, que le coeur exige.
Il me fallut partir à nouveau...
Albert Camus in, l'Eté
Retour à Tipasa
Il y a des jours où les mots lus et relus vous touchent d'une autre manière. Je ne sors jamais intacte de la lecture de Camus . En l'espace de quelques secondes j'étais à Tipasa sur ses traces, souvenir de l'un de mes voyages, mais également désorientée par ma vie actuelle où les souvenirs viennent au secours de ce qu'il me faut accepter.
Après le lièvre de Pâques, voici le col vert.
Surprise de ce matin au réveil, mon nouvel invité dans la piscine.
L’Alsace terre de traditions fête Pâques avec la même importance que Noël .
Quel plaisir pour les enfants d’aller chercher, munis d’un petit panier, dans les prés ou au jardin le matin de Pâques les œufs déposés par le lièvre de Pâques.
Oui, oui, vous avez bien lu, les lièvres en Alsace pondent des œufs le jour de Pâques, mais seulement ce jour là !
Pourquoi un lièvre ?
Tout simplement parce qu’il est l’un des symboles du printemps bien que cette année les fleurs de pissenlit qui donnent cette lumineuse couleur printanière aux prés ne sont pas encore présentes, et comme chacun le sait, le printemps est la saison des amours.
Qui dit lièvre dit œufs de Pâques, en chocolat , miam les papilles aussi sont en joie...
Je vous souhaite à toutes et tous de belles fêtes pascales.
Un vent de mort creusait le ciel lacéré comme une voile;
le monde penchait du côté du soir, entraîné par le poids de la croix.
Le pâle capitaine pendait aux vergues du trois-mâts submergé par la Faute:
le fils du charpentier expiait les erreurs de calcul de son Père Eternel.
Je savais que rien de bon ne naîtrait de son supplice...
Marguerite Yourcenar in, "Feux"
Madeleine ou le salut
Centuri Corse
Il montait sous le gris feuillage
tout gris et fondu dans ce paysage d'oliviers
enfouissant son front de poussière
profondément dans l'autre poussière de ses brûlantes mains.
Encore cela. Et c'était la fin.
Et maintenant , aveugle, je dois marcher
et pourquoi veux-tu que je dise que tu es
alors que je ne te trouve plus moi-même.
Je ne te trouve plus. Pas en moi.
Pas dans les autres. Pas dans cette pierre.
Je ne te trouve plus. Je suis seul.
Je suis seul avec le mal de tous les hommes,
qu'à travers Toi j'ai tenté d'alléger,
Toi qui n'existes pas. Ô honte sans nom...
Plus tard, un ange vint, dit-on;
Pourquoi un ange ? Ah non ce fut la nuit qui vint
et indifférente bruissait dans les branches.
Les disciples remuaient dans leurs rêves.
Pourquoi un ange ? Ah non ce fut la nuit qui vint.
La nuit qui était comme les autres
qui passent par centaines.
Des chiens y dorment et des pierres.
Une nuit triste, une nuit quelconque
qui attend la venue du matin.
Car les anges ne viennent pas auprès de tels suppliants
pour eux ne s'exaltent point les nuits.
Ceux qui se perdent tout les abandonne,
les pères en font offrande
et ils sont rejetés du sein de leur mère.
Rainer Maria Rilke, Le jardin des oliviers
Nouveaux poèmes, suivi de Requiem
Poésie Points 1882
Paul Gauguin "Le Christ au Jardin des Oliviers" 1889