Être stoïque, c'est se figer, avec les beaux yeux de Narcisse. Nous avons recensé toute la douleur qu'éventuellement le bourreau pouvait prélever sur chaque pouce de notre corps; puis le cœur serré,
nous sommes allés et avons fait face.
…Ce qu’il y a d’absurde et de navrant dans la tragédie que nous vivons, éclate dans le fait que, pour aborder un jour ces perspectives qui ont l’échelle d’un monde, nous devons aujourd’hui nous réunir pauvrement, à quelques-uns, pour demander seulement, sans prétendre encore à rien de plus, que soit épargnée sur un point solitaire du globe une poignée de victimes innocentes…
J’en ai fait des vœux, j’en ai fait des rêves, attentive à des signes, confiante dans ma force d’y croire
afin qu’ils se réalisent.
Aujourd’hui ,vendredi 13, j’ai fait un vœu …pour l’instant (il est 23heures ) il ne s’est pas réalisé…)
Je suis trop exigeante sûrement !
Ce qui vous rendit visible à mes yeux, fut justement cet ajournement infinitésimal que constituait le temps mis par mon regard pour venir se poser sur le bord de vos phrases.
Le temps de l'adoucissement, du polissage des pierres - la distance réelle entre vos textes et notre éventuelle rencontre importait peu.
Des instants si fragiles que vouloir les brusquer d'un regard trop appuyé risquait d'en brouiller le sens.
Je tenais vos mots pour précieux talismans dans lesquels je plongeais des mains fiévreuses, choisissais au hasard, bien que je les savais tous, pour les faire retomber en bribes redécouvertes sur mes rêves éveillés.
Je ne pouvais vous aborder plus aveuglément qu'en vous lisant.